Maroc : du rial hassani au dirham marocain, la trébuchante histoire de la monnaie

Le « rial hassani » a été instauré au Maroc comme monnaie locale en 1881 par le sultan Moulay El Hassan. Il sera abandonné au profit du franc avec l’avènement de la protection française. À son tour, après la fin du protectorat français sur le Maroc, le franc sera abandonné au profit du dirham marocain utilisé jusqu’à nos jours.
En effet, vers la fin du XIXe siècle, des troubles provoqués par la volonté des puissances européennes de partager le royaume chérifien ont fait effondrer la monnaie officielle marocaine de l’époque qui était le rial hassani. Grâce aux efforts de la Banque d’Algérie, le franc français s’est accaparé une place prépondérante sur le marché marocain avec la conclusion du traité pour l’organisation du protectorat français dans l’empire chérifien à Fès le 30 mars 1912.
Ainsi, le franc français devient une devise officielle aux côtés du rial hassani, mais cette double monnaie entraîna des conflits entre les deux monnaies. Une dualité qui se solde par l’abandon de la monnaie marocaine sur le marché au profit du franc, qui décrochera le monopole. De ce faite, la monnaie Hassani fut changée le 19 mars 1920. Le franc est rester la monnaie utilisée dans tous les domaines en ces temps. Non seulement à cause de la garantie qu’il fournit, mais également pour le fait qu’il devient la monnaie utilisée dans les comptes publics. Le rial hassani a été donc collecté et acheté avec des billets émis par la Banque de France ou la Banque d’Algérie.
La Banque d’État avait négocié avec le ministre français des Finances et le gouvernement chérifien pour parvenir à un accord direct avec le Trésor français dans l’optique de lancer une nouvelle monnaie. Cela marquera la naissance du franc marocain. Mais cette nouvelle monnaie marocaine sera confrontée à la concurrence des billets de la Banque de France et de la Banque d’Algérie.
La duplication monétaire se poursuit alors au Maroc avant qu’un décret ministériel, émis le 4 mars 1922, ne décide de ne plus accorder d’avantage aux monnaies émises par les deux banques. Cela aura enfin un impact positif sur la nouvelle monnaie marocaine.
Toutefois, avec cette réforme et cette modernisation monétaire, l’objectif de la France coloniale était plutôt de renforcer son contrôle sur le marché marocain et de le soumettre à son système afin d’exploiter le pays et ses habitants dans des conditions idéales.
Avec la fin du protectorat français, le royaume débute une nouvelle ère qui commence par rétablir sa souveraineté monétaire. Le 30 juin 1959 marque la naissance de Banque Al-Maghrib. Le 17 octobre 1959, le dirham devient la monnaie nationale pour remplacer le franc marocain. À l’automne de 1959, l’indexation du dirham sur le franc a été abandonnée, suivie d’une dévaluation du franc français de plus de 20% en échange face à la nouvelle monnaie marocaine, le tout à la demande du FMI, de la Banque mondiale et des Bretton Woods, auxquels le Maroc a adhéré cette année-là.
Cependant, malgré l’adoption du dirham en tant que monnaie nationale, les banques françaises continueront à contrôler le système monétaire marocain et une grande partie de l’activité économique. Le gouvernement marocain envisage alors la création de banques d’État marocaines, financées par le secteur public. Il a fallu attendre 1974 pour voir la banque centrale émettre le centime pour remplacer le franc dans la monnaie nationale marocaine.
Cependant, ce n’est que le 5 mars 1987 que le roi Hassan II inaugurera le siège de Dar As-Sikkah, chargée de produire et d’imprimer les billets de banque et de la frappe des pièces. Cet hôtel de monnaies avait également pour tâche de créer le passeport marocain et d’imprimer un certain nombre de documents sécurisés.
La banque Dar As-Sikkah a ensuite élargi ses missions, commençant à imprimer des billets de banque pour un certain nombre de banques de pays étrangers. Elle se modernise aussi davantage avec le lancement, en 2008 par Bank Al-Maghrib, d’un projet majeur de modernisation de ses installations de production.