Sénégal : Quand le Président Bassirou Diomaye Faye dépose les clés de la souveraineté à l’Élysée.
Le 24 mars 2024, les Sénégalais avaient cru écrire une nouvelle page de leur histoire. Ils avaient voté en masse pour Bassirou Diomaye Faye, croyant élire un homme libre, un symbole du changement, un président décidé à tourner le dos à la Françafrique. Quelques mois plus tard, il faut se rendre à l’évidence : on a crié victoire trop tôt. Le président de la rupture s’est métamorphosé en ambassadeur non officiel de l’Élysée à Dakar.
À peine installé, Diomaye Faye a troqué le boubou du patriote pour le costume bien taillé du parfait collaborateur de la France. Celui qui fustigeait les accords inégaux et les bases militaires étrangères devient, avec une aisance déconcertante, le promoteur d’un partenariat toujours aussi déséquilibré. La souveraineté tant promise ? Mise sous clé, rangée quelque part entre le Quai d’Orsay et la BCEAO.
Mais dans cette pièce de théâtre politique, le rôle de trouble-fête revient à son propre Premier ministre : Ousmane Sonko. Celui qui, paradoxalement, l’a porté au pouvoir, devient aujourd’hui l’ennemi à abattre. Sonko n’a pas oublié les promesses de rupture, lui. Il parle encore de dignité nationale, de révision des accords, et surtout, de rupture réelle. Et ça, c’est visiblement devenu insupportable pour Diomaye, qui voit en lui un concurrent direct pour 2029.
La stratégie est simple : affaiblir Sonko en contournant son autorité de chef du gouvernement. Plusieurs ministres, désormais plus proches de Paris que de Dakar, ont déjà changé de camp. L’un d’eux, en bon exécutant, s’est illustré le 11 juillet à Lomé en bloquant la présidence tournante de l’UEMOA qui revenait au Burkina Faso geste interprété comme un clin d’œil complice à ceux qui regardent l’AES d’un œil méfiant.
La déception est immense. Diomaye Faye, que l’on croyait être le président de la jeunesse et de la dignité retrouvée, s’efface peu à peu derrière les rideaux de l’impérialisme occidentale et du néocolonialisme français. De rupture, il n’en reste que le mot. De souveraineté, il n’en subsiste que le slogan. Le peuple sénégalais, lui, observe. Les yeux ouverts, la mémoire fraîche. Et le réveil pourrait être brutal, car la trahison, elle, ne s’oublie jamais.
Amen K.